PSYCHANALYSE N°19

Joyce. Le père et ses noms. 

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septembre 2010

THÉORIE

Scares of all knotknow : John Holland

Une comparaison entre un paragraphe de Finnegans Wake de James Joyce et la traduction française de Philippe Lavergne fait ressortir certains éléments que le traducteur n’a pas rendus : la problématique d’un choix forcé auquel s’oppose le désabonnement à l’inconscient.

Mots-clés : James Joyce, Finnegans Wake, traduction, choix forcé, désabonnement à l’inconscient

Lucie(w)hole : Pierre Bruno

Finnegans wake, de Joyce, nous incite à repenser la façon dont peut être obtenu le « désabonnement à l’inconscient » et , en même temps, à prendre la mesure du fait que l’analysant n’est pas seulement un sujet en quête d’un sens, mais un sujet en mesure d’admettre qu’il est agent du travail de l’inconscient, tel que celui-ci est le seul à pouvoir donner forme à la jouissance qui, autrement resterait hors la prise du symbolique…

Ethernité :Elisabeth Rigal

L’auteur prend pour point de départ le temps chez Joyce et lie cette question à celle de Dieu (l’éternité) très présente dans les premiers textes. L’éternité trouve sa place dans les écrits suivants à travers l’occultation de la mort : les morts se réveillent comme les dormeurs. Le temps se trouve lié à la forme de spatialisation que l’écriture de Joyce introduit, sa tentative inachevable de délimiter les choses par une fine, fine ligne », sa façon à lui de répondre, dans une création infinie de néologismes, à l’inconsistance d’une langue (éthernité)…

Joyce ou l’espace-temps du sinthome : Ramon Menendez

L’astrophysique se trouve confrontée à un réel qui, sans être celui du sujet, la pousse au travail. Ainsi, l’observation des « trous noirs » et la théorisation qui en découlent, soulèvent des questions qui peuvent intéresser la psychanalyse. Dans ces écrits Joyce propose une conception du temps et de l’espace inédite dans la littérature. Elle est cependant au diapason de la physique de son époque et tout particulièrement de la théorie de la relativité d’Einstein. Cette conception du temps permet ce qu’il appelle les « arrangements rétrospectifs ». A travers cela nous chercherons un éclairage sur certains aspects de la cure.

Mots-clés : Joyce, astrophysique, trous noirs, relativité, temps subjectif, sinthome

Pour une discussion sur le savoir du psychanalyste. Erik Porge

Une interrogation sur le « savoir du psychanalyste » nécessite l’articulation (conjonction et disjonction) d’au moins trois termes : le savoir, la vérité, le sexuel. La rencontre avec l’absence de garantie dernière des vérités mathématiques peut constituer une approche de « l’horreur de savoir »…

QUESTION(S)

Le salut de la psychanalyse : Sandrine Aumercier

La jouissance est-elle atteinte dans le symptôme contemporain ? Doit-elle au contraire être atteinte dans la cure ? Lacan la situe du côté de l’impératif inassouvi ou de la jouissance féminine, ce qui permet, nous semble-t-il, d’éviter d’instrumentaliser ce concept, tant dans la cure que dans une politique de la psychanalyse…

LE CAS

Hybridation : Bibiana Morales

Dans l ‘œuvre de Virginia Woolf, nous trouvons une logique entre l’écriture d’un livre et le suivant. Ainsi l’écrivain suit une méthode, celle de la double écriture. Cette méthode singulière est articulée, selon nous, à la topologie de la coupure. La double écriture instaura une séparation stabilisatrice pour le sujet. Au contraire l’hybridation de l’œuvre –deuxième moment de la production de l’œuvre- efface cette limite par la fusion de deux écritures. L’écriture s’holophrase. Cette hybridation est attachée à la logique de l’Un et à l’impossibilité de l’extraire par la fusion de deux éléments. La double écriture a une fonction de séparation par la répétition Un à Un. La création hybride, au contraire, ne produit pas une séparation. Elle produit l’Un qui arrête la chaîne signifiante, l’Un de l’holophrase…

LA PASSE

La douleur dans la cure ou le silence de l’incréé. Jacqueline Ferret

La passe ne coïncide pas forcément avec la conclusion de la cure. Si elle permet toujours de dire s’il y a eu ou pas de l’analyse, elle ne réussit pas toujours à dégager le désir de l’analyste. C’est la conclusion de la cure qui, par ses effets, atteste le passage à l’analyste. L’extraction de l’objet a, regard ou voix, est nécessaire. Cette extraction permet à l’analyste de tenir une position éthique : l’éthique du silence.

Mots-clés : passe, silence, désir de l’analyste, objet a,  conclusion de la cure

Histoire d’une lettre arabe qui se fait trait sur le corps d’une femme. Yamina Guelouet

Il s’agit de l’histoire d’une dépossession sous occupation coloniale, celle du nom généalogique d’origine arabe avec lequel le sujet s’est construit, effaçant son inscription dans la filiation à travers les générations. Ce défaut du nom va faire trou, laissant le sujet directement aux prises avec le réel de la jouissance. Son énonciation mise sous scellés, il sera plongé dans un océan d’intranquillité qui l’amena à s’engager dans un travail analytique. C’est à travers une longue quête que le sujet va se réapproprier son nom, et accéder au désir en extrayant une lettre qui se fait marque sur le corps. La passe lui aura permis d’en témoigner en dégageant les articulations logiques qui l’ont amené à la réalisation de la structure.

Mots-clés : dépossession colonial, nom généalogique, défaut du nom, réel de la jouissance, lettre, marque sur le corps, féminin

LA STRUCTURE

Le père et ses noms. Catherine Bruno. Pierre Bruno

Le texte traite de la question du père et de ses noms dans l’enseignement de Lacan, de l’écrit « Subversion du sujet et dialectique du désir » à l’écrit « Kant avec Sade » d’une part, et du séminaire sur le transfert jusqu’au séminaire sur l’angoisse. On peut repérer dans cette période de 1960 à 1963 un questionnement concernant les conséquences de l’équation père symbolique = père mort et déjà les signes d’une mise en cause du père symbolique comme agent de la castration.

Mots-clés : père symbolique, père mort, agent de la castration

EXTÉRIEURS

« Il l’écoute et il parle ». La correspondance entre Descartes et Elisabeth : une rencontre originale. Delphine Coquard

La correspondance entre Descartes et Elisabeth porte initialement sur la question théorique de l’union de l’âme et du corps mais s’articule rapidement à la question de la guérison du corps par l’âme du fait de la « mélancolie » d’Elisabeth et des interrogations qu’elle adresse à Descartes. Cet article présente quelques dimensions de cet échange épistolaire, en s’interrogeant, certes, sur ce qu’il se dit dans ces lettres de l’union âme/corps et des difficultés qu’elle suscite tant théoriques que pratiques, mais surtout sur ce qui s’y passe : la temporalité de la correspondance, leur rencontre, leur rapport au savoir, la dimension écrite de cette parole.

Y ETU ?

« Il a peut-être dit :

Si j’avais été un autre que moi,

je serais devenu moi, encore une fois. »

Mahmoud Darwich, Le lanceur de dés et autres poèmes, Actes Sud, 2010.

 

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