PSYCHANALYSE N° 28

Rêver/Fantasmer

PSY_028_L204

septembre 2013 

LE SAVOIR DU PSYCHANALYSTE

Etre ou exister. Emmanuel Lehoux

Si la jouissance est la volonté du réel à se faire signifier ou la réponse à cette intention du réel, la construction pour chaque sujet de son rapport au langage est traitement de la jouissance. Cela vaut pour tout mode d’assujettissement au langage (névrose, psychose ou perversion). Le symptôme, s’originant du moi réel initial freudien, est ce sur quoi le sujet peut s’appuyer. Mais est-ce la seule voie d’existence ? Dans RSI, Lacan place dans les champs d’existence les jouissances mais aussi le ternaire freudien inhibition, symptôme, angoisse. Il y a donc une existence qui s’appuie sur l’être et pas sans jouissance. A la fin d’une analyse, la traversée du fantasme pour le névrosé ouvre vers l’identification au symptôme. Ceci n’est pas la même chose que de partir de son symptôme pour s’assurer de son existence dans la psychose où le Nom du Père est forclos. D’où le psychotique va-t-il alors pouvoir extraire son désir ?

Mots clefs : jouissance, symptôme, moi réel, objet a, existence

Juliette et la dialectique de la raison chez Adorno et Horkheimer. Karin Adler

Horkheimer et Adorno le disent avant Lacan: le formalisme de la loi morale kantienne avec son exigence d’obéir au devoir de l’apathie, peut de la même façon soutenir la vertu comme l’immoralité, le bien comme le mal. Cependant, selon Horkheimer et Adorno, le formalisme éthique conduit à la réduction de l’homme à un objet manipulable au service de la conservation du sujet. Pour Lacan dans son « Kant avec Sade » en revanche, c’est le bourreau qui se trouve à la place de l’objet.

Mots clefs : Kant, Sade, fantasme, perversion

Traversée du fantasme versus identification au symptôme. Dimitris Sakellariou

Le but de la psychanalyse pour Freud fut d’emblée le déchiffrage du sens (sexuel) chiffré du symptôme délivrant ainsi le message inconscient destiné au sujet (ich) d’où viendrait la guérison attendue. L’expérience analytique mettra en évidence un accrochage paradoxal au symptôme (le sujet ne veut céder sous aucun prétexte à la souffrance (angst). Cela conduira Freud à l’introduction de sa deuxième topique reconnaissant qu’il existe au delà du sens (Sinn) du symptôme une signification (bedeutung) ou plus précisément une référence (Frege), qui renvoie à un nouveau mode de satisfaction de la libido pulsionnelle en rapport avec un réel, dont la réaction thérapeutique négative pourrait constituer le paradigme dans la cure analytique….

Le fantasme dans le rêve. Alain Lacombe

Dans sa conférence N° 7 de l’introduction à la psychanalyse, Freud a cette phrase étonnante : “Avez-vous maintenant le courage d’aborder l’interprétation d’un rêve complet? Par l’analyse de ce rêve, Freud établit que la pulsion est le référent de la réalité psychique du désir, que le fantasme “subjective”.

Mots clefs : Rêve, fantasme, désir, pulsion.

Le retournement du fantasme, et après ? Martine Noël

Ce texte témoigne du parcours analytique de l’auteur, huit ans après l’expérience de la passe. . Il revient tout d’abord sur le retournement du fantasme, le dévoilement de l’objet cause du désir et ses effets cliniques. Il questionne le devenir du fantasme et de la pulsion après la passe. Il se conclut enfin avec des questions sur l’objet a et sur l’identification au symptôme comme suite logique de ce procès.

Mots clefs : passe, retournement du fantasme, pulsion orale, identification au symptôme

Qu’est-ce que rêver ? Pierre Bruno

Bien que cet article se compose et s’appuie d’une recension plutôt complète des références de Freud et de Lacan sur le rêve, références dont il souligne les évolutions, son ambition est décalée par rapport à celle de Freud, qui était de fonder une interprétation probante du rêve. Cet article en effet vise à se tenir au niveau d’une question sous-jacente : en quoi consiste l’activité de rêver? De ce décalage, il tente de s’orienter vers une solution quant à une difficulté restée sans réponse satisfaisante dans la psychanalyse, difficulté qui tourne autour du statut à donner au rêve traumatique et à la question de savoir si l’accomplissement de souhait y a sa part.

Mots-clés: rêve, interprétation, souhait, rêve traumatique.

LA PASSE

Accent tu es. Jacques Marblé

…Or, « ponctuer, c’est accentuer en lisant », comme il est précisé dans Esthétique de la ponctuation : n’est-ce pas ainsi que le désir de l’analyste, à situer pour moi entre signifiant vivant et présence réelle, peut trouver à se loger ? Un zeste d’amour, à condition de se méfier de l’amour du prochain, complétera la recette…

 THÉORIE

La fin du monde. John Holland

Cet article examine certains aspects de l’épistémologie du discours du maître et de sa mutation moderne, le discours capitaliste. La Weltanschauung, la « conception du monde », du maître se base sur l’exclusion du fantasme dans ce discours, exclusion qui établit la primauté du principe de réalité sur le savoir. Le discours capitaliste a la fonction de faire exister un tel monde, mais la forclusion de la castration le rend impossible. Une discussion des travaux de l’école de Chicago montre qu’au sein de ce discours, un tel monde ne cesse pas de ne pas s’écrire.

Mots clés : discours du maître, discours capitaliste, Weltanschauung, conception du monde, principe de réalité, forclusion de la castration, école de Chicago, Gary Becker, Luis Rayo

EN QUESTION(S)

Levinas et Lacan face à l’éclipse du christianisme. Guy Félix Duportail

Il s’agit dans ce texte de comprendre les œuvres de Levinas et de Lacan comme autant de tentatives de réponse à la question de l’éclipse du christianisme. Cette dernière expression désigne l’abandon de la morale objective ordinaire durant l’holocauste des juifs. Mots clés : père -meurtre – répétition -shoah – psychanalyse – intellectualité PAS DE PORTE Soir après soir à l’Abri de nuit d’Ajaccio. Stanislas Deliquiet Le quotidien d’un centre d’hébergement d’urgence pour les sans-abri est une expérience exigeante. L’Abri de nuit à Ajaccio est le lieu d’un bord, plus ou moins poreux, entre inclusion et exclusion sociale, même si exclu (du langage) nul ne l’est vraiment.

Mots clefs : Centre d’hébergement d’urgence, sans-abri, exclusion sociale.

EXTÉRIEURS

De l’« ab-sens » : Lacan et Wittgenstein. Élisabeth Rigal-Granel

Lacan a croisé Wittgenstein, mais il n’a connu que le Tractatus logico-philosophicus, et s’est attaché à ses seuls aspects logiques. Ma contribution poursuit un double objectif : déterminer les attendus du débat que Lacan a engagé avec Wittgenstein sur la question du métalangage ; et établir que l’ineffable wittgensteinien n’est pas stricto sensu un ineffable au sens propre et qu’il présente certaines analogies avec l’« ab-sens » dont parle Lacan dans L’étourdit.

Mots clefs : logique, métalangage, ineffable.

UNE PSYCHANALYSE ?

Un lien qui libère. Véronique Sidoit

Parler de liberté n’est pas chose aisée en psychanalyse, mais c’est pourtant une notion qui est au cœur même de la cure analytique. Un sentiment inédit de liberté s’éprouve lorsque celle-ci est menée à son terme. Il est donc nécessaire de la définir : d’une part, la liberté du sujet de l’inconscient découle de liens préalables, celui du transfert et celui de l’association libre, d’autre part elle touche à ce qui constitue le sujet, c’est-à-dire au langage et au rapport à l’Autre.

Mots-clefs : Liberté, transfert, association libre, sujet de l’inconscient, savoir insu, vérité, jouissance, Autre, langage, lalangue.

Y ETU ?

Theatre should be a taxing experience : the greatest achievement of a writer is to produce a character who creates anxiety.

« Le théâtre doit être une expérience éprouvante : la plus grande réussite d’un écrivain est de créer un personnage qui suscite de l’angoisse. »

Howard Barker .« I don’t care if you listen or not », The Guardian, 1er octobre 2012

     Vous pouvez accéder aux articles de ce N° sur CAIRN