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PSYCHANALYSE YETU n°53

Du rire

 

Qu’est-ce qui fait rire ? Pas une blague mal racontée parce qu’incomprise. Le seul à rire, dans ce cas, serait  celui qui, ayant entendu cette même blague bien racontée, rit de celui qui la raconte mal. Ou encore, la vue de Charlot virevoltant, et perdant la manchette sur laquelle sont inscrites les paroles de la chanson qu’il n’a pas apprise par coeur. Stoppons la liste: c’est un inventaire-Prévert! Pour l’ordonner, on peut remarquer que, dans le premier exemple, l’énonciateur de la blague ( la première personne selon Freud dans Le mot d’esprit), se retrouve être la seconde personne, celle dont on rit, et que la troisième personne (Die dritte Person), seule, garde sa place, mais pour rire non de la blague, mais de la sottise du premier. Dans le deuxième exemple, il est de même aisé de repérer le comique, en tant qu’accident du phallus, tel que représenté par l’envol de la manchette-prépuce. Dans l’humour, maintenant, le grand surmoi « console » le petit moi, en l’allégeant des affects de souffrance auxquels telle situation l’aurait confronté. Ainsi, le condamné mené à la potence disant: « la semaine commence bien! » C’est pourquoi , à la différence du comique et du mot d’esprit il y a, dans l’humour, du « sublime », c’est à dire un dépassement des canons qui nous enferment dans une réaction affective sans recours. D’où une conclusion: Ne rit pas qui veut!

Pierre Bruno

Du rire

du rire

Jacques Prévert, Définir l’humour (Réponse à une enquête)

Thérèse Charrier, Les pleurs d’Héraclite, le rire de Démocrite,
le sourire de l’analyste

Diane Scott, -off,
une écriture inaperçue

André Meynard, Le trait d’esprit, lalangue et les Sourds :
quand le rire nous enseigne…

Marie-Jean Sauret, L’humour est politique

Antonia Birnbaum, Übermut und Untermut
Portrait de Nietzsche en cynique

la passe

Elda Pouli, L’oiseau s’est posé

le savoir du psychanalyste

Carole Diaz, Traverser le fantasme, le début de la fin

Elda Pouli, Au commencement était l’amour. Éros et Agapè

le cas

Hélène Seguin, Quand le trou surgit

Élisabeth Rigal, « Je ne veux pas cont te tu »

lentre-deux

Sylvianne Cordonnier, Transports amoureux

le cardo

La présentation de malades de Jacques Lacan
Mise à ciel ouvert du travail du cartel d’animation du Cardo

yetu

PSYCHANALYSE YETU n°52

Surmoi, moi, ça, ego

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« On pourrait sous-titrer : Du rififi  dans la topique ! Supposons un peuple qui ne verrait le monde que perché sur les épaules de ses voisins. Est-ce une allégorie du surmoi ? Pourquoi pas, si on tient que le surmoi est un surplomb capable de donner du sens à tout et de créer pour chaque événement sa faute causale. En conséquence, il est l’ennemi mortel de la division du sujet entre savoir et vérité. Quant au moi, tricoté, détricoté, re-tricoté inlassablement  par Freud, il oscille, chez les héritiers, entre une instance d’arbitrage et, à l’opposé, le lieu d’une refente.

Tout ça pour ça, pourrait-on dire alors, pour évoquer cette instance,  implacable de naître pas-je, qu’elle congédie ironiquement la subjectivation? Reste l’ego, celui qui rectifie sans se décourager les nœuds ratés, telle une couturière cousant un habit de lumière, au risque d’enflammer l’arène. »

Pierre Bruno

Surmoi, moi, ça, ego

surmoi, moi, ça, ego

Pierre Bruno, Pas-jeu

Emmanuel Lehoux, Le ça de Groddeck

Sidi Askofaré, Retour sur le surmoi

Maria Triantafyllidou, De la topique à la topologie : le rififi opéré par l’interprétation analytique

Jérémie Salvadero, Si le symptôme sait, l’ego fait ?

et la philosophie

Élisabeth Rigal (philosophe), L’archi-politique de Gérard Granel

la structure

Symptôme et sinthome, 11e partie. Lacan, 1974-1979

la passe

Béatrice Bioret, L’interprétation de l’analyste dans la cure – vers le passage à l’analyste. Traversée d’une interprétation

rebond

Guy Lérès, Des profils

la liseuse

Frédérique de Oña, Édouard Levé, le double et la mort

tressage

François Rouan, Du traitement délicat de la sensation

exterieurs

Un entretien avec Pierre Bergounioux

yetu

Patrick Valas

Patrick Valas nous a quitté le 9 mars 2023, mais il a laissé des outils précieux à la communauté psychanalytique lacanienne. Sa passion pour l’enseignement de Lacan, son assurance inébranlable dans les enjeux de la psychanalyse aujourd’hui l’ont amené à collecter les séminaires, textes, interventions, enregistrements de Lacan pour les diffuser et les offrir à quiconque s’engage dans le sillon que Lacan a tracé. On les retrouve sur son site, et également sur le site « staferla » , à la création duquel il a participé. Ces pépites sont exceptionnelles, tant pour  le lecteur assidu de Lacan, analyste ou analysant, que pour le chercheur.

Son enthousiasme et sa passion pour la cause analytique le menaient à la rencontre de toute personne s’intéressant à la psychanalyse ; et, par delà ses colères ou ses enthousiasmes qui ont animé nombre de débats, c’est ce qui faisait le lien et la richesse des échanges avec lui. Il ne s’est laissé enfermer dans aucun dogme, sa seule orientation étant de suivre Lacan au plus près de son texte.

C’est cette liberté, et cette générosité que nous tenons à saluer ici.

PSYCHANALYSE YETU N°51

L’abyme du pouvoir

Psychanalyse Yetu 51

L’équivoque Y-I ne se refuse pas. La mise en abyme indique que, aussi grande que soit la dernière poupée russe, celle qui enferme toutes les autres, elle n’est jamais satisfaisante, frustration (Versagung) que Lacan a définitivement inscrite dans le discours capitaliste,
où la ronde folle du plus-de-jouir ne cesse de repasser du plus-de-jouir au sujet, sans jamais buter sur la grande barrière. Faute de conclusion, l’abyme se réverbère dans un faux infini. Quant au I de l’abîme, vêtu de son chapeau circonflexe, il fait signe au mieux, ou au pire, que cette course folle se termine soit dans la tombe de la défaite, soit dans les catacombes de l’histoire (on sait les noms). De ce double destin, dans lequel la malédiction d’être né n’a jamais pu être surmontée, une analyse, ou autre, peut nous écarter,
à la condition de servir une cause qui ne soit pas de s’en servir – ou s’en asservir.
Pierre BRUNO

L’abyme du pouvoir

Catherine Joye Bruno Hic jacet lepus – Dans « la cuisine des femmes », la part non surveillée de la mère De quelques destins de l’amour maternel

Isabelle Morin L’emprise comme vol psychique

Pierre Bruno, Mireille Bruyère, Marie-Jean Sauret De l’argent et du pouvoir

Mario Uribe Un violent « réveil » d’Octobre : paradoxes d’un devenir et évolution du droit

Véronique Sidoit Là où le fils a échoué, le père a réussi

Guillaume Nemer Tibère n’est pas Auguste

Marie-Jean Sauret Au fond du pouvoir : l’ impouvoir Une expérience

Serge Lavoine Une expérience du « hasard objectif » – Du port imposé du prénom de « Serge » à la liberté du désir homosexuel

L’association

Dimitris Sakellariou De l’impossible du groupe psychanalytique au pari sur la structure du discours : nécessité ou contingence ?

Jacques Podlejski Acte et tâche

La passe

Marc Lescanne Pomme ou banane

Le cas

Dominique Lechevallier Un amour fou

La liseuse

Rémi Brassié « Contemporanéité du nazisme »

Extérieurs

Mathieu Blesson De l’homme des cavernes à l’homme des cadavres

Hommage à Pierre Soulages

Y etu

PSYCHANALYSE YETU N°50

 

L’EVENTAIL DU SEXE

Sans doute, dans l’érotique de l’époque, est-on enclin à penser que seul le genre a un éventail, ce qui d’ailleurs, au regard du trinôme masculin, féminin, neutre, se révèle décevant. L, G, B, T,…n, certes enrichit la grammaire, mais la multiplication des genres, quel que soit l’intérêt des questions que pose une telle auberge espagnole, rate la raison qui fait qu’aucun alphabet n’est infini.
« Parions donc sur l’éventail du sexe, dont le nombre de pales est innombrable, ou du moins non dénombrable, non pas au regard du nombre finalement restreint des comportements qu’il permet, ou ne permet pas, qu’au regard de la singularité inépuisable du franchissement, effectif ou seulement rêvé, du seuil de la virginité, dont nul ne peut s’exempter. La portée de l’éventail, dans son aspiration de respiration, ne tient donc pas d’abord à l’extension de son arc, mais à la capacité de chacune de ses pales à incarner le biseautage de l’air par l’aiguisement d’une lame. Ce mouvement a deux bords : le premier implique la nomination de la dite lame, l’autre, que la nomination retienne son souffle pour mieux habiter l’air. »

Pierre Bruno

L’éventail du sexe

Pierre Bruno, L’art de la défloration 7

Corinne Fortier, La femme, ce troisième sexe. Défloration,
excision et sexuation

Fabienne Guillen, La gifle de Dora

Matilde Pelegrí, La demande « trans » d’un enfant

Christian Cazeneuve, Nouvelle école capitaliste, nouveau discours
sur la sexualité de l’enfant ?

Marie-Jean Sauret, La tresse contrariée de l’amour

Les cailloux de l’enfance

Laure Thibaudeau, Rosine Lefort, hier et aujourd’hui

Carole Riou, Maryse ou encore Maryse

Laure Djermag, L’ombilic du transfert – de ce pli primordial

La passe

Maria Triantafyllidou, Au commencement, la parole

Charles Nawawi, Passe et noeud borroméen

Thérèse Charrier, Mon nom est Personne

La liseuse

Marie-Jean Sauret, Éloge de la furtivité

Extérieurs

Entretien avec ORLAN

« Je suis ORLAN, entre autres et dans la mesure du possible »

y etu

PSYCHANALYSE YETU n°49

 

L’ARGENT

n°49

Argent

Pierre Bruno

Résumé : Marx a explicité la relation entre l’argent comme forme-valeur et la monnaie, telle qu’incarnée, entre autres, par le métal précieux.  Il a défini l’argent comme équivalent général et découvert le secret de la plus-value et le fétichisme de la marchandise. Freud a mis en évidence l’équation excrément=enfant=pénis=cadeau=argent, et construit une théorie du fétiche. Quant à Lacan, il a extrait le plus-de-jouir comme fondement de la plus-value.

Mots-clés : argent, monnaie, équivalent général, fétiche, plus-de-jouir

Un Vocabulaire de Marx et Lacan : boussole d’économie politique et libidinale, David Pavón-Cuéllar

Edgar Miguel Juárez-Salazar, Carlos Gómez Camarena et Christina Soto Van der Plas

Résumé : Un Vocabulaire des concepts avec lesquels Lacan lit Marx sera publié cette année en anglais. Ses entrées ont été écrites par une vingtaine d’auteurs de quatorze pays. Cet article justifie l’idée du Vocabulaire, rappelle son origine et son histoire, et aborde des questions telles que le rapport entre le marxisme et la psychanalyse lacanienne.

Mots-clés : Karl Marx, Jacques Lacan, marxisme, psychanalyse

Une psychanalyse sans argent ?

Rémi Brassié

Résumé : L’argent se pose parfois comme un problème pour la psychanalyse, sinon comme un obstacle. A le réduire à sa fonction d’équivalent général, on reste dans une impasse pour son traitement dans la cure analytique. Il s’agit donc d’en faire un problème de psychanalyse, à partir de quoi lui donner fonction réelle dans la cure. Alors, la question de savoir si une psychanalyse est possible sans argent devra se reformuler pour questionner la demande du psychanalyste.

Mots-clés : argent, demande, plus-de-jouir, plus-value, discours, psychanalyste

Peut-on s’acquitter de sa dette ? Une lecture de l’Homme aux rats

Anne-Sophie Guillen

Résumé : La dette symbolique concerne tout sujet pris dans les lois du langage, pour autant chacun doit prendre à sa charge cette dette et y apporter une réponse singulière. Le cas de l’homme aux rats nous enseigne sur les trouvailles d’un sujet, mais aussi sur ses impasses, tout en nous permettant de nous interroger sur l’universel de la structure.

Mots-clés : Homme aux rats, névrose obsessionnelle, dette, reproduction symptomatique

L’Homme aux loups et l’argent. Psychanalyse, y es-tu ? La tresse subjective d’un infortuné

Marie-Jean Sauret

Résumé : Avec la souscription dont l’Homme aux loups bénéficie à la suite de la perte de sa fortune, l’argent joue sa partie dans le transfert. S’il le rive à l’amour de Freud, il fournit un levier à Ruth Mac Brunswick pour sortir l’analysant de son moment psychotique.

Mots-clés : argent, Homme aux loups, moment psychotique, transfert, tresse subjective

Autour de la pièce qui brille et matérialise un regard

Clarisse Herrenschmidt

Résumé : Le problème posé est celui du lien entre la pièce de monnaie de métal brillant et la vue, le regard. Pour l’établir, il faut passer par l’histoire des signes écrits, l’invention de la monnaie frappée en Grèce ionienne vers 600 av. n. è., le culte d’Artémis à Éphèse et le mythe de cette déesse ombrageuse.

Mots-clés : géométrie, monnaie, électrum, image, Artémis, prix du sang

Partition des passions, au cœur du transfert

Véronique Sidoit

Résumé : L’amour, la haine et l’ignorance, ces trois passions sont inhérentes au transfert et se déplient au cours d’une analyse. L’auteur, dans un premier temps, vérifie les points d’ancrage et leur articulation dans la structure même du sujet pour, ensuite, questionner aussi bien les impasses liées à ces passions que leur devenir possible dans le lien social en fin de cure.

Mots‑clés : transfert, amour, haine, ignorance, passions, savoir, réaction thérapeutique négative, identification primordiale, père réel, l’être du sujet

L’objet vocal ou le rien radical. Pour un nouveau commencement de la psychanalyse

Christian Fierens

Résumé : L’éthique de la psychanalyse n’est rien d’autre que la promotion de l’éthique de l’inconscient. Celle-ci fonctionne spécifiquement selon le principe de jouissance. La jouissance elle-même ne trouve sa fonction qu’en commençant avec le réel du rien absolu ou de l’objet a entendu dans sa forme vocale.

Mots-clés : jouissance, éthique, voix, objet a, rien

Le transfert à la fin

Emmanuel Lehoux

Résumé : Les changements dans le transfert sont examinés au regard du devenir de l’identification primordiale et de ses effets sur l’amour dans le parcours d’une cure. Ce travail s’appuie sur d’une lecture du texte « Joyce le symptôme II »

Mots-clés : père, symptôme, yadl’un, lalangue, pulsion, transfert

Symptôme et sinthome 10ème partie. Lacan, 1967-197

Rédigé par Fabienne Guillen

Résumé :Du séminaire XV au séminaire XX, nous poursuivons la façon dont Lacan resserre la notion de symptôme autour d’un impossible de structure, mis en évidence par la logique. Il donne la formule de ce réel : « Il n’y a pas de rapport sexuel » qui puisse s’écrire. Cet impossible donne au symptôme cette fonction cruciale de venir répondre à cette absence radicale. Le séminaire XXI amorce le dernier tournant de Lacan qui va repenser le symptôme, et du coup la dynamique d’une psychanalyse, grâce à la topologie des nœuds borroméens.

Mots-clés : Symptôme, acte, plus-de-jouir, non-rapport sexuel, logique

Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait… la paresse !

Véronique Bonnet

Résumé : Deux candidats se proposent : il s’agit d’une élection à presque deux siècles d’intervalle. Les auteurs G. Flaubert et H. Klent posent les questions du pouvoir, du travail et de l’argent avec la même acuité mais une différence de perspective.

Mots-clés : candidat, fétichisme, Scrat, paresse

Du capitalisme sémantique aux NFT

Christophe Bruno

Résumé : Au travers de son expérience d’artiste, l’auteur évoque comment les utopies originelles du World Wide Web ont cédé la place au « capitalisme sémantique » instauré par Google au début des années 2000, puis à la folie destructrice des crypto-monnaies et des NFT.

Mot-clés : Google, net.art, capitalisme, sémantique, cryptomonnaie, NFT

Les numéros à venir

PSYCHANALYSE YETU n° 53 – RIRE, mars 2024

Qu’est-ce qui fait rire? Pas une blague mal racontée parce qu’incomprise. Le seul à rire, dans ce cas, serait  celui qui, ayant entendu cette même blague bien racontée, rit de celui qui la raconte mal. Ou encore, la vue de Charlot virevoltant, et perdant la manchette sur laquelle sont inscrites les paroles de la chanson qu’il n’a pas apprise par coeur. Stoppons la liste: c’est un inventaire-Prévert! Pour l’ordonner, on peut remarquer que, dans le premier exemple, l’énonciateur de la blague ( la première personne selon Freud dans Le mot d’esprit), se retrouve être la seconde personne, celle dont on rit, et que la troisième personne (Die dritte Person), seule, garde sa place, mais pour rire non de la blague, mais de la sottise du premier. Dans le deuxième exemple, il est de même aisé de repérer le comique, en tant qu’accident du phallus, tel que représenté par l’envol de la manchette-prépuce. Dans l’humour, maintenant, le grand surmoi « console » le petit moi, en l’allégeant des affects de souffrance auxquels telle situation l’aurait confronté. Ainsi, le condamné mené à la potence disant: « la semaine commence bien! » C’est pourquoi , à la différence du comique et du mot d’esprit il y a, dans l’humour, du « sublime », c’est à dire un dépassement des canons qui nous enferment dans une réaction affective sans recours. D’où une conclusion: Ne rit pas qui veut!

Pierre Bruno

PSYCHANALYSE YETU n° 54 – DIABLE !, septembre 2024

Cette interjection ne saurait relever d’une injure. Comme épithète d’ailleurs non plus. Plutôt s’agit-t-il d’un éloge, promulgué par les propagandes religieuses. Un mystique soufi, Hallaj, a bien jugé en faisant du diable, devenu Satan grâce à la Bible hébraïque, le seul vrai monothéiste, parce qu’il ne veut pas adorer un autre que Dieu, en l’occurrence Adam. Luther aussi a bien jugé, à sa façon. Il tient que les êtres humains sont issus de « l’anus du diable », et qu’à ce titre, ils ne peuvent vouloir que le mal et espérer que le libre arbitre divin leur épargne le pire. Freud n’est pas si éloigné de penser ainsi, puisqu’il considère le diable, dans un premier temps, comme le représentant des pulsions mauvaises, pour dans un second temps, l’habiliter comme un substitut du père, mais féminisé, dans son article sur une névrose démoniaque au XVII° siècle. Puis Lacan : le diable n’y est guère mentionné, peut-être parce qu’il fut soupçonné d’être lui-même le diable. La référence la plus pertinente est celle qu’il fait au Diable amoureux de Cazotte (1772). C’est d’abord par la bouche d’un chameau monstrueux qu’il pose au héros, Alvare, la question de son désir Que vuoï ?. Ce héros, lui, ne répond pas à la question, mais répond de son désir en refusant à Biondetta, la figure ultime du diable, de lui vendre son âme pour qu’elle se donne à lui comme corps. Di-able : en franglais, capable de Dieu.

Pierre Bruno

PSYCHANALYSE YETU n° 55 – VOILE et RATURE, mars 2025

Pourquoi ne pas considérer le voile et la rature comme des « concepts fondamentaux » de la psychanalyse ? Freud, dans L’homme aux loups, a élevé le voile au rang de question nodale dans la cure de Serguei Pankeiff. Ce voile séparait son analysant du monde, et ne se déchirait que ponctuellement quand, suite à un lavement, les selles passaient l’anus. L’interprétation de Freud ne manque pas d’audace, mais ne pourrait-on penser que, durant sa longue vie, l’Homme aux loups n’a cessé de vouloir ne plus être « né coiffé » par la fortune parentale ? Peut-être une « rature » lui faisait-elle défaut, celle « d’aucune trace d’avant » que Lacan promeut dans « Lituraterre », en 1971. À savoir une rature qui, telle le trait du calligramme, est première, la trace n’étant jamais que seconde, contrairement au dogme de la psychologie génétique, qui induit encore en erreur.

Pierre Bruno

PSYCHANALYSE YETU n°48

LA PESTE FREUDIENNE

LA PESTE FREUDIENNE
Peste, aller et retour.  Guy Lérès

Résumé : A l’aller, Freud était prévenu des difficultés qu’allait rencontrer son invention aux USA. Au retour n’est-ce pas le capitalisme USA qui allait s’armer contre la psychanalyse en Europe.
Mots-clés : Puritanisme , Anhistoricisme, Argent-roi ,Science ,Sujet ,Capitalisme.

Supplémentaire.  Marie-Jean Sauret

Résumé : Supplémentaire présente au moins quatre acceptions : courante, mathématique, psychanalytique (avec l’hapax de la jouissance supplémentaire), topologique. Ils ont en commun de désigner une dimension inaperçue : dont s’éclaire l’acte nécessaire au faire Ecole au-delà de l’association.

Mots-clés : complémentaire, jouissance phallique et supplémentaire, lien social, Marx, passe, rapport sexuel, symptôme.

Une présence discrète.  Zineb Bou Salah

Résumé : La psychanalyse s ‘inscrit dans des contextes historiques particuliers qui sont aussi des contextes nationaux. L’histoire de l’Algérie permet de souligner quelques conditions et possibilités de sa présence passée et à venir.

Mots-clés :  savoir,   idéal,   capitalisme, nationalisme, décolonisation, histoire de la psychanalyse.

Une allocution : Lacan à Caracas.  Maria Antonieta Izaguirre

Résumé : A l’occasion des 40 ans de la visite de J Lacan à Caracas, Maria Antonieta Izaguirre a transmis en 2020 à Caracas, ce moment historique à un public qui n’a pas eu la chance d’être présent lors de cette rencontre. Le voyage de Lacan à Caracas a rempli sa fonction : celle d’installer la psychanalyse en Amérique du Sud grâce au désir de Lacan, de Diana Rabinovich et de tous ceux qui ont œuvré pour rendre possible cette rencontre.

Mots-clés :  Lacan, Caracas, Diana Rabinovich, Amérique du Sud.

Critique de la jouissance. Pierre Bruno

Résumé : Il est impossible de parler de jouissance sans partir de la perte qui la constitue, au-delà du principe de plaisir et du principe de réalité.

Mots-clés : frustration de jouissance, privation de perception, jouissance pas-toute.

LA PASSE
Préambule. Marie-Jean Sauret

Résumé : L’invention de la passe n’a pas éradiqué les crises qui jalonnent le mouvement psychanalytique. Elle a mis en évidence leur raison : ce que l’analysant extrait de sa cure et sur quoi il ne peut céder sans renier son rapport à la psychanalyse. Ainsi que Lacan, « il est seul dans sa relation à la cause analytique », dont il se soutient à s’expliquer avec quelques autres. D’où une série de questions auxquels quelques analystes s’efforcent de répondre en tenant compte et de l’expérience collective et de ce que la cure leur a enseigné : Sidi Askofaré, Pierre Bruno, Monique-Cécile Drouet, Fabienne Guillen, Francis Hofstein, Isabelle Morin, Jacques Nassif, LaureThibaudeau.

Mots-clés : AE, crise, dissidence, Discours Analytique, « du » psychanalyste, échec de la passe, Ecole, fin (d’analyse), institution, sinthome.

Sidi Askofaré, Pierre Bruno, Monique-Cécile Drouet, Fabienne Guillen, Francis Hofstein, Isabelle Morin, Jacques Nassif, Laure Thibaudeau
LE CARDO
Le dispositif des Rencontres cliniques freudiennes. Abel Guillen

Résumé : En s’appuyant sur l’expérience des « présentations de malades » réalisées par Lacan de 1955 à 1980 à l’hôpital Sainte-Anne, l’association Le Cardo a mis en œuvre un nouveau dispositif nommé Rencontres cliniques freudiennes. Ce dispositif tente de parvenir à une subversion des présentations de malades. Nous en attendons qu’il offre les conditions pour des moments d’émergence du discours analytique.

Mots-clés : Cardo, psychose, présentation de malades, hôpital psychiatrique, discours analytique.

Sur les traces du désir dans la psychose : trois rencontres à l’hôpital psychiatrique. Abel Guillen

Résumé : L’association Le Cardo a mis en œuvre un nouveau dispositif nommé rencontres cliniques freudiennes au sein d’un hôpital psychiatrique. A partir de trois rencontres de sujet psychotiques dit schizophrènes, nous tenterons de mettre en évidence les traces de leur désir et d’en éclairer les spécificités.

Mots-clés : désir, psychose, schizophrénie, présentations de malade, cardo, psychiatrie.

D’un dit schizophrène à un dire. Sacha Dreyfus

Résumé : Au-delà de la question du diagnostic D. réinterroge la mise en jeu de la pure représentation du mot. Ce faisant il nous invite à reposer la question du discours établi dans lequel peut venir se loger un sujet et donc en conséquence la psychanalyse à l’endroit de son offre.

Mots-clés : dit schizophrène, discours, transfert, dire.

LA RUELLE DU DESIR
Georges Bataille, « atteindre l’impossible » ? Laure Thibaudeau

Résumé : Forcer l’extrême, telle a été l’ambition de Bataille : extrême du sexe,  de la mort , de la langue. Mais en refusant la castration, il n’a pu que s’y heurter implacablement.

Mots-clés : sexe, mort , langue, jouissance, impossible.

L’expérience intérieure : Lacan, Bataille, de Foligno. Pierre Bruno

Résumé : Analyse de L’expérience intérieure de Georges Bataille comme contre-exemple du « procédé analytique ».

Mots-clés : Georges Bataille, Angèle de Foligno, expérience intérieure, procédé analytique.

Sade sans chiqué. Jessie Cohen

Résumé : L’objet de ce texte est de tenter d’éclairer la conception du masochisme chez Lacan à travers les deux schémas du fantasme sadien (Kant avec Sade) en prenant appui sur son séminaire, et, à partir de là, y spécifier la position de Sade en tant que sujet désirant.

Mots-clés : Sade, fantasme sadien, masochisme, chiqué.

Se faire « passeur » du Guerrier appliqué. Christian Cros

Résumé : C’est à partir de la proposition d’octobre 67 sur la passe, que Jacques Lacan prenant appui sur sa lecture du livre de jean Paulhan « le guerrier appliqué » va inviter ses élèves à le lire, voire à s’en inspirer, pour s’éclairer sur ce qui portera nom de « destitution subjective », cela n’est pas sans évoquer l’état du sujet en fin de cure.

Mots-clés : destitution subjective – effet d’être – péril – cruauté – appliqué.

LA LISEUSE
La Terreur en personne. Thérèse Charrier

Résumé : Pierre Michon avec Les Onze a écrit le réel de la TerreurL’auteur relie l’ effet saisissant de la lecture, à l’art épiphanique de Pierre Michon et son effet de présence réelle ; à son écriture autour d’un vide organisateur et de la place vide de Plus-Personne, d’où se profère une voix qui se fait entendre depuis le creux entre les générations. La dimension de l’impersonnel de la Terreur en personne, est convoquée chez le lecteur en son point le plus intime .

Mots-clés : Réel de la terreur. Présence réelle. Place de Plus – Personne. Art épiphanique. Anamorphose.

EXTERIEURS
Une langue pour chaque peuple. Ben Vautier

Résumé : L’artiste Ben Vautier propose aux lecteurs de la revue une présentation de ses arguments en faveur de l’ethnisme de Fontan,

Mots-clés : BEN, ethnisme, Fontan, langue, peuple

Y ETU

Selon que vous serez puissant ou misérable
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Jean de La Fontaine, Les animaux malades de la peste.

PSYCHANALYSE YETU n°47

BARBARIE ET PSYCHANALYSE

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BARBARIE ET PSYCHANALYSE
Le barbare, le sauvage et le sublime.  Isabelle Morin

Résumé

Ce travail tente d’éclairer comment certains créateurs ne craignent pas faire de résonner l’horreur et la barbarie jusqu’au sublime. Franchir la barrière du beau ouvre au sublime. Ce franchissement nous met en contact avec notre part barbare.

Mots clés : beau, sublime barbare, chose, franchissement.

« Qu’ai-je donc fait pour être traité avec cette barbarie ? »  Jessie Cohen

Résumé

L’objet de ce texte est de montrer en quoi les schémas I et II du fantasme sadien (Kant avec Sade) sont à concevoir comme une écriture en mouvement à travers la biographie de Sade, en spécifiant en quoi la place de sa belle-mère, Mme de Montreuil, est, avant d’être à la place de cette volonté de jouissance (schéma II), celle du partenaire de Sade dans son désir pervers (schéma I).

Mots clés : Sade, fantasme sadien, volonté de jouissance, partenaire du pervers.

L’envers de la civilisation.  Sidi Askofaré

Résumé

La barbarie s’inscrit comme l’envers de la civilisation, voire comme son réel. La mise en tension des positions de T. Mann et de N. Elias, d’Aimé Césaire et de Lacan permettent à l’auteur d’extraire trois types de barbarie. Pour la psychanalyse,  il s’agit  d’un retour de jouissance, jouissance de l’A(a)utre, inassimilable, mais aussi la mienne, celle à moi-même, ignorée.

Mots clés : Barbarie, colonialisme, capitalisme, science, jouissance.

Les dernières technologies de l’effacement.  Yann Diener

Résumé

Parmi les technologies qui alimentent la passion de l’ignorance et qui blindent le sujet contre sa division, on peut compter différents dispositifs qui utilisent le courant électrique : les traitements par électrochocs, qui aboutissent à une perte de la mémoire, et les ordinateurs, qui permettent un effacement par saturation de la mémoire.

Mots clés : électrochocs, courants électriques, mémoire, connexion, discours capitaliste, effacement.

Walter Benjamin – la barbarie positive : pour une pratique révolutionnaire dans l’art, l’histoire et la politique. Christine Schmider

Résumé

« Il n’est pas de témoignage de culture qui ne soit en même temps un témoignage de la barbarie ». Cette épitaphe inscrite sur la tombe de Walter Benjamin pourrait figurer comme devise de la pensée du philosophe et critique allemand. En développant une esthétique et une historiographie révolutionnaires, basées sur la destruction de concepts devenus obsolètes, Benjamin agit comme le « Caractère destructeur » qu’il décrit dans son essai de 1931: Il brosse l’histoire à rebrousse-poil et contre la barbarie nazie par une barbarie positive qui fait table-rase d’une esthétique traditionnelle pour mieux « recommencer à zéro ».

Mots clés : Walter Benjamin, barbarie, fantasmagorie, XIXè siècle, rêve, destruction, allégorie, histoire, expérience.

« Années sida », années barbares. Thibault Boulvain

Résumé

Saisies par l’événement sida, ses représentations, dans les années 1980-1990, ont catalysé ce qui travaillait alors les sociétés, et d’abord le pire d’elles-mêmes, qui se défoulait dans un espace social abîmé par la crise. Il faut les regarder sous cet angle, et comme des forces de résistance opposées aux « années barbares », des manifestations de la volonté de ne rien céder, de sortir d’une situation bloquée.

Mots clés : Sida, crise, art, catharsis, résistance, violence.

L’essence de la création. Giacometti. Dina Germanos Besson

Résumé

Giacometti est artiste en cela qu’il tente de faire coïncider l’objet avec sa vision, tâche impossible qui signe sa sortie de la sculpture. Cet article tente d’analyser l’essence de la création qui vise l’origine, transformant cette recherche en « chose commençante » et qui est de l’ordre du « non-réalisé ». Cette impossibilité conduira Giacometti à se complaire dans l’inachevé, ou plutôt l’inachevant (C. Bonnefoi), intégrant dans son acte même l’idée de sa fabrication et de sa ruine.

Mots clés : Giacometti, création, l’impossible, ruine, l’inachevant, objet a.

L’ESSAI MINEUR
Refonder la barbarie. Marie-Jean Sauret

Résumé

De la grotte préhistorique à notre époque, la barbarie traverse l’histoire. Est-il inéluctable que la jouissance de la destruction l’emporte sur sa fonction dans la création et le renouvellement du lien social ? »

Mots clés : Auschwitz, Discours Capitaliste, Histoire, pulsion, Révolution Française, symptôme, Terreur.

LE SAVOIR DU PSYCHANALYSTE
L’expérience esthétique et l’approche du réel. Luz Zapata

Résumé

Cet article interroge la fonction de l’expérience esthétique dans le champ de la psychanalyse. Partant de l’expérience des artistes, l’auteure explore les points de rencontre esthétique dans sa propre analyse afin d’en tirer les enseignements concernant l’accueil de la contingence. Les liens entre expérience esthétique, expérience analytique et création sont explorés et permettent d’avancer l’idée que l’expérience esthétique participe du nouage du réel, du symbolique et de l’imaginaire, son avènement dévoilant un réel et signalant la possibilité d’un retournement, d’un moment de subversion du sujet.

Mots clés : esthétique, réel, création, subversion, psychanalyse.

LA STRUCTURE
Symptôme et sinthome, 9e partie. Lacan, 1964-1967. Rédigé par Fabienne Guillen

Résumé

Nous continuons à suivre à la trace comment l’invention par Lacan de l’objet a vient renouveler l’approche du symptôme et de son interprétation. Au-delà de toutes les significations que mobilise un symptôme, il se présente avant tout comme une commémoration infinie de la rencontre manquée du sujet avec le réel qui se dérobe. Le symptôme se présente comme un joint entre les deux bords divergents de l’être du sujet : être-de-savoir et être de vérité. Mais au-delà du vrai, Lacan commence à interroger le symptôme comme la conséquence d’un réel.

Mots-clés : symptôme, savoir, vérité, cause, jouissance.

PAGE NOIRE
Produire des cadavres et abolir le sujet. Les « faux positifs » en Colombie. Mario Bernardo Figueroa Muñoz

Résumé

La rencontre avec le réel, au sens du tuché, produit la destitution du sujet ou son abolition. C’est la réduction absolue à la condition d’objet plus de jouissance, à la dépouille mortelle, véritable et dernier trésor d’exploitation. Le cas des soi-disant « faux positifs » en Colombie – assassiner des civils pour les faire passer pour des guérilleros tués au combat – en est l’expression maximale.

Mots clés : Destitution du sujet, Abolition du sujet, Faux positifs, Angoisse, Plus-de-jouir.

Y ETU

Et maintenant qu’allons-nous devenir, sans barbares.
Ces gens-là, en un sens, apportaient une solution.

Constantin Cavafis, « En attendant les barbares », dans En attendant les barbares et autres poèmes, Paris, Gallimard, 2018 (2003)

PSYCHANALYSE YETU n°46

RÉVEIL ET RÊVE

PSYCHANALYSEYETU46

RÉVEIL ET RÊVE
Le moment du réveil. Nicolas Guérin

Résumé

L’idée du réveil est impensable. Mais le réveil n’en demeure pas moins une expérience dont il s’agit de savoir de quelle(s) guise(s) du réel elle s’oriente. Le paradigme du rêve et du sommeil semble indiquer que le réveil s’articule à l’objet, en tant qu’objet cessible dans son rapport à la demande de l’Autre, dans les cauchemars ou dans les rêves d’orgasme. La fonction de l’angoisse y est donc intéressée. En outre le réveil participe du temps logique, et particulièrement du moment de conclure. Il concorde avec une limite dans la structure et, sur ce point, certaines références orientalistes de Lacan éclairent en partie ses coordonnées.

Mots-clés :  réveil, moment de conclure, cauchemar, réel, inconscient.

L’astrolabe du rêve. Qu’est-ce que rêver ? Louis Sciara

Résumé

A la lumière de l’ouvrage du psychanalyste Pierre Bruno Qu’est-ce que rêver ?, paru en 2017, Louis Sciara s’attèle à la question du rêve du point de vue théorique et clinique. Il met notamment au travail les thèses de l’auteur du livre : le rêve est ce qui sépare le rêveur du savoir de l’Autre ; la distinction et le nouage entre fantasme et désir. Il pose à son tour, dans le maniement de la cure, au fil du transfert, les questions qui touchent au savoir et à la vérité dans l’interprétation, celles qui témoignent, au cas par cas, d’un Réel en jeu, celui propre à la structure de l’analysant, dans son énonciation du rêve et dans ses associations.

Mots-clés :  Rêve, Rêveur, Transfert, Réel, Désir (Begehren), Souhait (Wunsch). 

L’art de rêver. Pierre Bruno

Résumé

L’art pourrait primer sur la vérité du symptôme, en déjouant la prétention de celle-ci à se dire toute. Y a-t-il en ce sens un art de rêver? Pour répondre,  la relation entre poésie et rêve est examinée.

Mots-clés : Rêve, art, interprétation; poésie, rêve traumatique.

Qu’est-ce que ne pas rêver ? Vanessa Julien-Maucuer

Résumé

A partir de notre lecture de l’ouvrage de Pierre Bruno Qu’est ce que rêver ?, nous avons effectué des liens avec notre pratique clinique auprès d’adolescents criminels et leur apparente absence de vie onirique. Nous proposons ainsi le questionnement « Qu’est ce que ne pas rêver ? » tant du point de vue de la subjectivité de ces adolescents que du côté de la place laissée au rêve dans nos institutions socio-judiciaires.

Dans cet article, notre réflexion nous amène à formuler l’hypothèse que la scène du crime pourrait être le lieu d’écriture en rébus du rêve. Comme dans un rapport inversé en miroir, le lieu de l’agir criminel viendrait ainsi faire substitut du rêve.

Mots-clés : rêver, adolescents, criminels.

Norekdal. Bernhard Alexander

Résumé

D’un rêve de Freud, qui tient en un mot, « Norekdal », et à partir des associations livrées par le rêveur, Grinstein, après avoir conclu d’une traversée des deux pièces d’Ibsen auxquelles ce mot renvoie – Une Maison de poupée (Nora) et Le Canard sauvage (Ekdal) – qu’elle ont en commun de soulever la question des « vérités bonnes (ou pas) à dire », ose une interprétation. Le motif du rêve serait lié aux préoccupations de Freud concernant la réception des vérités psychanalytiques, et tiendrait dans cette question : « Ne serait-il pas préférable de laisser les gens s’accrocher à l’illusion vitale, plutôt que de leur ouvrir les yeux sur une vérité insupportable ? »

Mots-clés : Norekdal, Ibsen, Freud.

L’ÉSSAI MINEUR
Le transfert acting out. Thérèse Charrier

Résumé

Concevoir l’inconscient comme ayant une réalité sexuelle, implique d’envisager le transfert dans sa face de mise en acte – acting out – de cette réalité. Face qui serait masquée par l’amour du sujet supposé savoir. Le transfert acting out met en jeu la pulsion toujours d’ordre sexuel et fait de l’analyste un partenaire sexuel. La fin du transfert et le passage a l’acte, de l’analysant à l’analyste, s’en trouvent éclairés avec le deuil de la satisfaction libidinale et la transmission du vivant non sexué.

Mots-clés : Transfert et acting out, Pulsion et libido, Passe et passage a l’acte, Insatisfaction.

LA RUELLE DU DÉSIR
Le désir de Gide : clandestin, mortifié, vivant. Isabelle Morin

Résumé

L’auteur transmet le trajet du désir chez Gide. Il a écrit sa vie entière, comme une nécessité, sans relâche, pour partager avec ses lecteurs ce qu’il a fait de sa singularité. La place du désir prise par la lettre permet de penser qu’il a pu « demortifier » un désir mortifié, pour le rendre vivant. Sa vie en témoigne ardemment.

Mots-clés : désir, jouissance, amour, lettre.

La beauté aveuglante d’Antigone. Carole Diaz

Résumé

Antigone fascine. Elle aveugle celui qui regarde alors qu’elle franchit la barrière morale du Bien. Elle ne lache pas sur son désir et dépasse une seconde barrière, celle du Beau. Elle intéresse la psychanalyse car elle pointe l’Ethique du psychanalyste, sa place au bord du trou, dans lequel se situe La Chose, Das Ding, ce quelque chose qui veut et reste en même temps interdit. L’inceste n’est-il pas le désir de tout analysant ? Alors que veut dire ne pas céder sur son désir ?S’agit-il d’un autre désir ?

Mots-clés : Antigone, désir, barrière du beau, barrière du bien, la Chose, das Ding, éthique, inceste, interdit.

Désir féminin, pèr(t)e et jouissance. Pascale Macary-Garipuy
L’acte est le portrait du désir. Pierre Bruno

Résumé

Il n’y a pas de reflet de la chose dans le mot. L’écrit, distinct du parlé, interdit qu’on méconnaisse cet axiome par un fantasme d’inceste entre mot et chose. C’est la raison pour laquelle le désir n’est pas articulable, quoique articulé. Ce n’est que dans l’acte que son visage prend forme – quelle qu’elle soit.

Mots-clés : Désir « mâle », désir féminin, lettre/signifiant, écriture/parole.

LA THÉORIE
Le graphe de Lacan. Dimitris Sakellariou

Résumé

Le graphe est une épure de la structure en mouvement montrant comment à partir d’une analyse se dialectisent les liens constitutifs du sujet dans son statut éthique avec l’Autre et son trou réel, lieu du surgissement de la jouissance primordiale, et receleur de l’objet cause du désir paré de ses reflets phalliques. Le désir de l’analyste peut tel un pivot conduire un sujet à choisir la loi du désir plutôt que celle de la volonté de jouissance.

Mots-clés : l’Autre inconsistant, la jouissance primaire, Je, sujet de la jouissance, Φ signifiant de la Jouissance, castration ISR.

LA LISEUSE
Je sais où je vais… sans le savoir… Élisabeth Rigal

Résumé

Pierre Bruno et Marie-Jean Sauret ont édité chez ERES (Oct. 2019) un séminaire à deux voix : La différence freudienne. L’écho que chacun renvoie à l’autre réveille la théorie, la réinvente donnant ainsi toute sa place à l’inconscient. Lectrice, j’ai pris ma part pour ramasser les concepts : symptôme, frontière phobique et jouissances, psychanalyse et société, quelques enjeux, mais aussi mes propres questions /réflexions…Avec l’ambition d’une invitation à la lecture.

PAGE NOIRE
Qu’est-ce qu’un virus ?  Jean-Marc Lelièvre

Résumé

Après quelques points de repères sur la biologie du virus du Covid-2, l’amorce d’une réflexion est proposée. En examinant les différentes approches de santé publique face à la pandémie dans quelques pays d’une part, et en questionnant notre lien au monde vivant, au monde sauvage d’autre part, c’est évidemment la question de la logique collective de toute l’humanité qui est à nouveau posée avec force, loin de la soumission au Discours Capitaliste.

Mots-clés : Covid-19, immunité, santé publique, lien social, réalité biologique.

Y ETU

Pour moins que toi je n’eusse, amie
Voulu voir ce rêve brisé :
C’était sujet
Pour la raison, beaucoup trop fort pour fantaisie. Tu fus sage de m’en tirer,
Mais loin de le briser tu vins le prolonger :
Il suffit de penser à toi, si véritable,
Pour rendre vrai le rêve, historique la fable.
Tu fus sage de m’en tirer,
Mais loin de le briser tu vins le prolonger :
Viens en ces bras, et puisqu’ainsi tu m’empêchas
De rêver la fin de mon rêve, jouons-la.

John Donne
Poèmes, Paris, Gallimard; 1962